
Là-bas si j’y suis
Obock de Jean-Jacques Salgon /
Obock, Tadjourah, Aden sont des noms qui sonnent à l’oreille de tout rimbaldien qui se respecte. Il est alors question de l’autre Rimbaud, celui d’après la poésie, celui du voyage et du commerce, celui qui intrigue peut-être encore davantage que l’autre dont mille études ont à peu près tout dit. C’est sur ces traces-là que se lance Jean-Jacques Salgon, sur celles-là mais aussi sur celles d’un de ceux qui les ont croisées, Paul Soleillet, aventurier et explorateur nîmois alimentant alors en récits de voyage quelques-unes des innombrables sociétés de géographie de cette fin de siècle.
Mais pourquoi donc suivre ces itinéraires passés ? « Et quelle est cette pulsion qui me pousse moi-même à vouloir rejoindre des vies révolues que je ne vivrai jamais ? Je crois qu’il s’agit d’un mystère qui relève de la foi. » Il s’agit « de prolonger in situ une rêverie. » C’est un « acte gratuit », une « quête sans véritable objet », « une immersion dans une mémoire vivante ».
Le dérisoire, voire parfois le ridicule de l’entreprise constitue cela-même qui la justifie et lui donne corps. Salgon est, comme d’autres avant lui, un chasseur de vent, de celui qui gonfle les voiles.
Obock, Jean-Jacques Salgon, Éditions Verdier, 2018, 128 p., 13,50 €