
Sans petite pierre
La Daronne de Hannelore Cayre /
Quoi de mieux pour entamer une nouvelle année de lecture qu’un bon polar ? Les esprits facétieux répondront : deux polars ! Nous verrons cela dans les semaines et mois qui viennent…
« Scrupule » est emprunté au latin scrupulus « petite pierre pointue », vous savez, de celle qui, dans le fond de la chaussure, empêche de marcher et vous blesse. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la narratrice ne connaît pas ce problème. On peut même dire qu’elle marche d’un pas décidé.
Avec un mari mort d’une rupture d’anévrisme dans un hôtel du sultanat d’Oman, la tête dans son assiette de salade, une mère caractérielle et fantasque placée dans un EPHAD à 3200 € par mois, les Éoliades, deux filles à charge et un amant flic, la vie de Patience Portefeux, 53 ans, n’est pas des plus faciles. Un feu, elle en porte pourtant bien un, en l’occurrence un .357 Magnum hérité de son père.
Son père est un personnage haut en couleur dont la qualité première est un goût immodéré pour l’argent, servi par un indéniable talent pour s’en procurer, par tous les moyens. Ainsi donc, lorsque l’atavisme vous rattrape et que, en qualité de traductrice judiciaire, vous avez accès à longueur de journée à des conversations à ne pas mettre entre toutes les oreilles, il ne faut qu’un tout petit coup de pouce du destin pour que vous deveniez La Daronne.
L’écriture est enlevée, l’ironie mordante, la bien pensance absente, l’humour efficace, de quoi brosser le portrait d’une femme aussi peu banale qu’attachante, une sorte de lointaine sœur d’armes de Lisbeth Salander, l’extraordinaire personnage de la saga Millenium de Stieg Larsson.
La Daronne, Hannelore Cayre, Éditions Points (Collection Policier), 2018, 184 p., 6,60 €
Grand prix de Littérature policière 2017 / Prix Le Point du polar européen
Ce livre m’a été conseillé à la librairie Les Lucettes, Saint-Luce-sur-Loire (44).
Ah oui ! quel régal ce petit bouquin, plus qu’un polar c’est un magnifique portrait de société ! j’avais adoré aussi 🙂
un peu moins flamboyant mais tout aussi bien tourné, tu as de la même auteur(e) « Toiles de maître »….
Sinon dans un autre style, si tu as un avis, cher Benoit sur le dernier Houellebecq … moi je déguste, saignant à souhait!
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Ah Houellebecq ! Du lard ou du cochon ? Je n’ai pas lu la dernière livraison mais je n’ai jamais pu me décider, même si une petite voix au fond de moi me murmure tout bas : « du cochon » !
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